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La journée "Portes ouvertes" se déroulera le samedi 04 mai, de 14h à 17h.

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Interview de Christophe Labrousse par Louis-Marie Picard

Vous trouverez ci-dessous un interview de Christophe Labrousse réalisé par un ancien élève du collège Savio, Louis-Marie Picard et publié sur son blog. Christophe Labrousse raconte son quotidien d’élu pendant cette terrible crise sanitaire et donne des conseils précieux et précis pour les parents qui font l’école à la maison.

CDS News 

Christophe Labrousse, maire, directeur d’école et militant du lien

« Je vais à la mairie tous les jours, même le dimanche, et lorsque je vais acheter mon pain ou que je me promène en voiture, il m’arrive toujours de rencontrer quelqu’un dans son jardin. Il y a quand même un lien qui se crée. »

Dans un pays qui doute en pleine pandémie, qui demeure dans le brouillard sur le déconfinement, qui attend des responsables politiques des réponses qu’ils ne sont pas forcément en mesure de pouvoir apporter, des personnalités se retroussent les manches pour aller de l’avant, écouter les drames petits et grands et imaginer demain. Christophe Labrousse a deux casquettes : celle de maire délégué de la nouvelle commune de Melle (Deux-Sèvres) et celle de directeur de l’école privée Saint Dominique Savio qui vient en aide à des élèves en grand échec scolaire et dont l’éducation nationale n’a pas su apporter des réponses. Dans cette interview sans concession il revient sur son rôle de maire et de directeur de collège qui « donnent du sens à sa vie » et propose des conseils concrets aux parents démunis face a l’éducation de leurs enfants en temps de confinement.

Comment s’est opérée la prise de conscience par la population du danger de la pandémie ?
Au départ, pour beaucoup c’était qu’une histoire qui concernait la Chine ou les grandes villes. Et oui il y a eu quand même toutes les informations à la télévision que les gens ont beaucoup suivi et les interventions du président. À partir de là il y a eu une vraie prise de conscience. Il y a une solidarité qui s’est instaurée entre les habitants. Nous avons donc créé une chaîne avec les maraîchers pour que les gens puissent continuer à manger localement, une prise de conscience avec les grandes surfaces et aussi industrielle avec l’entreprise Solvay qui a décidé de fabriquer du gel hydroalcoolique et d’en distribuer à l’hôpital de Melle, dans nos EHPAD, dans les pharmacies et un peu dans les mairies. Et puis beaucoup de couturières ont commencé à confectionner des masques très tôt.

Vous êtes dans un territoire riche du département des Deux-Sèvres, est-ce que l’économie a souffert de cette pandémie ?
Beaucoup. Je suis très inquiet pour les commerçants et les artisans parce que la reprise va être très très compliquée. On est dans l’incertitude et les gens sont plus inquiets de l’après que du moment présent. Pour les habitants ça va être compliqué. Est-ce que on va pouvoir retourner facilement ? Est-ce que notre pouvoir d’achat va nous permettre d’acheter des fleurs quand on n’en a envie ou de continuer à manger local très régulièrement ? Le pouvoir d’achat demeure une grosse interrogation pour la suite.

Comment avez-vous vécu le début du confinement ?
Le dimanche 15 mars nous nous en sommes pas trop rendu compte, c’était le jour des élections et nous nous étions très très inquiet. Nous avons essayé de tout mettre en place pour les gestes barrières. Moi-même à Saint-Léger je suis resté quasiment toute la journée [au bureau de vote], les gens ont vraiment respecté les consignes. Tout s’est arrêté pour nous mardi à midi. Je me suis rendu à la mairie et déjà il y avait beaucoup moins de monde sur les routes et plus personne sur les trottoirs.

Vous avez été réélu ?
Cette fois-ci je ne me suis pas présenté comme tête de liste puisque j’avais beaucoup de travail mais je me suis présenté sur la liste d’un autre qui correspondait à mes aspirations. Nous étions 12 sur 33 à vouloir repartir ensemble. Nous avons obtenu 60,03 % des voix dès le premier tour avec 44,41% de participation. Le problème c’est que nous ne pouvons pas travailler ensemble puisque nous ne pouvons pas élire notre maire et installer le conseil municipal.

Pensez-vous que c’était une bonne idée de maintenir le premier tour des élections municipales ?
C’est très compliqué de répondre. La machine était enclenchée, les réunions étaient faites, tous les papiers été distribués, donc l’annuler au dernier moment était encore un coût supplémentaire. Les gens se trouvaient dans le feu de l’action de l’élection. Aujourd’hui la question se pose de savoir quand aura lieu le deuxième tour dans ces communes qui n’ont pas encore de conseil municipal. Pour les quelques communes qui ont besoin d’un second tour, c’est compliqué !

Vous êtes directeur d’un internat privé hors-contrat, comment maintenir le niveau de vos collégiens qui sont parfois en grand décrochage scolaire ?
Nous travaillons à Savio avec une feuille de route depuis plusieurs années. Quand les enfants arrivent le lundi ils ont tout le travail de la semaine. Quand nous avons appris le jeudi soir que les écoles allaient être fermée dès le lundi, avec l’équipe pédagogique on a travaillé une bonne partie de la nuit pour que les feuilles de route soient prêtes dès le vendredi.

Comment maintenez vous le lien ?
Les enfants peuvent nous appeler toute la semaine, il y en a qui ont cours sur WhatsApp. On a les parents, les enfants et nous les avons appelé la semaine. Moi-même en tant que directeur j’ai appelé les cinquième,quatrième, troisième pour faire le point avec eux et leur souhaiter aussi de bonnes vacances.
Le ministre de l’éducation nationale parle de « continuité pédagogique ». Pour moi on ne peut pas. La pédagogie on peut la faire que lorsque l’on est en direct. Les enseignants sont des pédagogues. On peut parler d’une continuité scolaire, la d’accord, mais une continuité pédagogique, je ne suis absolument pas d’accord, parce que l’enseignant en chair et en os n’est pas présent Et les enfants peuvent avoir besoin de plusieurs explications en fonction de ce qu’ils sont, de ce qu’ils ont compris. Nous ce qui est important à Savio c’est de conserver le lien. Je pense que c’est ce qu’il faut conserver dans toutes les écoles. Cela évitera à des enfants de décrocher.

Les professeurs ne peuvent pas appeler tous les élèves et les parents. Quels conseils pouvez-vous donner aux parents ?
Le conseil est celui que j’applique avec mes enfants. Les équipes pédagogiques et les enseignants de leurs écoles , sans les avoir au téléphone, ont suivi le travail sur pronote. Les professeurs pouvaient leur indiquer ce qu’il y avait de bien dans le devoir ou non. Il y a vraiment eu un lien. J’ai trouvé ça formidable. Quand les parents sont enseignants et peuvent suivre intellectuellement, ça ne pose pas de problème, mais malheureusement les familles pour lesquelles les parents ne peuvent pas ou n’ont pas l’outil informatique – puisqu’il y en a encore qui n’en ont pas – malheureusement pour ces enfants là, je crains que le décrochage ne soit inévitable.

Quand ces enfants vont revenir en classe, que faudra-t-il faire ?
Il faudrait qu’il y ait des équipes qui soient aidées par d’autres personnes, d’autres enseignants, des stagiaires qui pourraient prêter main forte aux professeurs pour prendre du temps avec ces enfants qui justement ont décroché parce que je vois quand je vais recevoir mes élèves, je sais que je vais les recevoir individuellement, pour faire le point pour voir comment ils vont, et on va démarrer dès qu’ils reviennent un cours de vie de classe sur la citoyenneté et sur l’histoire du Coronavirus. Cette année, L’objectif de notre projet pédagogique c’est de les faire travailler sur demain. Qu’est-ce que c’est que cette génération va pouvoir inventer ? On sait que dans dix ans il y aura 67 % de nouveaux métiers. C’est le moment ou jamais d’être créatif ! Il faudra les inciter à aller plus loin. Je craignais que cette cinquième semaine les enfants soient touchés moralement. C’est le cas. C’est notre job d’encourager les jeunes.

Est-ce important de parler de la crise sanitaire avec les élèves ?
Oui c’est très important. Dans notre cas il n’y a pas de sujet tabou. Ce sera à nous de dédramatiser ce qui s’est passé quand ils vont revenir et que nous en parlions tous ensemble même si c’est très difficile. J’invite les parents à ne pas hésiter à en parler à leurs enfants. Je leur suggère de regarder plutôt les informations le soir même si c’est pas le meilleur moment de la journée, et on s’arrête là.

Si le 11 mai vous deviez reprendre, est-ce que vous pensez que vous disposerez assez de masques et de gel ?
À partir du 11 mai nous n’aurons que l’équipe pédagogique, pour pouvoir mettre en place le protocole que l’on nous demande. Les enfants ne reviendraient, que le 18 et encore pas tous puisque certains parents m’ont fait part de leurs craintes et préfère garder leurs enfants à la maison, donc j’ai dit que j’entendais cette crainte. J’ai une couturière qui est prête à me préparer des masques et une pharmacie de Niort va nous fournir 5l de gel hydroalcoolique. Il faudra tout remettre en place pour les enfants dans l’internat. Il y aura une désinfection de toute l’école.

Que pensez-vous des cours scolaires sur France 4, la Nation Apprenante ?
Collectivement c’est pas mal, évidemment ça ne va pas dans le fond des choses mais ils ne peuvent pas le faire. Tout ce qui peut être fait pour éviter le décrochage c’est bien. Il y a cette ouverture vers France 4 et chacun y trouvera son compte puisqu’il y en a pour tous les niveaux. Mais encore une fois la pédagogie c’est ce qui manque à la maison puisqu’on est des parents éducateurs et non pas des pédagogues scolaires.

Qu’est-ce qui vous fait tenir dans cette crise ?
C’est mon altruisme. Ma mission c’est d’aider les autres. Écouter les autres et les aider. C’est le sens que j’ai donné à ma vie. Donc il faut être présent à la mairie le matin, répondre aux appels des parents et des enfants dans la journée. C’est vraiment être présent pour les personnes.

 

A savoirLe Collège Dominique Savio est un établissement de niveau collège, accueillant des enfants du Cours Moyen à la 3e , constitué de classes à effectifs restreints qui, tout en suivant rigoureusement les programmes de l’Éducation nationale, s’adresse à des élèves en difficulté.